Mario Draghi plaide pour un "pacte de croissance" européen (article du monde.fr)
Mario Draghi, directeur de la Banque Centrale Européenne, et Angela Merkel, chancellière d'Allemagne, estiment à l'instar de François Hollande que retrouver de la croissance en Europe est nécessaire pour relancer l'économie.
Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, a réclamé mercredi 25 avril "un pacte de croissance" européen, plaidant pour des réformes structurelles sans modérer son exigence d'une stricte discipline budgétaire, devant des députés européens.
"Actuellement, ce que j'ai le plus à l'esprit, c'est (la nécessité) d'avoir un pacte de croissance", a-t-il insisté. Même si "les réformes structurelles heurtent de larges intérêts" et "font mal", elles doivent être poursuivies pour l'avenir.
S'il n'a pas détaillé ce qu'il entendait par ce terme de "croissance", un porte-parole de la BCE a précisé à l'AFP qu'il s'agissait de réformes telles que la flexibilisation accrue du marché du travail, pour améliorer la compétivité des Etats et non une relance par les dépenses publiques - à laquelle il s'oppose fermement.
M. Draghi, qui s'oppose également à un soutien plus direct de la BCE à la croissance, estime que les mesures déjà prises dans certains pays "doivent être complétées par des réformes structurelles permettant la croissance pour faciliter l'entrepreunariat, l'établissement de nouvelles entreprises et la création d'emploi. Là, les gouvernements devraient être plus ambitieux", selon lui.
SURVEILLANCE
Pour M. Draghi, les politiques économiques comme budgétaires devraient également être "soumises à surveillance mutuelle et corrigées si nécessaire dans l'intérêt collectif de la zone euro". Enfin, les Etats devraient selon lui améliorer leur coopération dans "la recherche, le développement, l'éducation et les infrastructures".
M. Draghi a néanmoins justifié la stratégie européenne d'austérité, concédant qu'elle pouvait plonger à court terme des pays dans la récession, mais devrait porter ensuite ses fruits. "Nous sommes au milieu du gué" et devons persévérer, a-t-il plaidé. "Les valeurs d'intégration sociale et de solidarité appartiennent toujours à ma culture (et) je ne suis pas du tout contre le modèle social européen", a-t-il ajouté. "Mais tout modèle social doit être soutenable", et ne peut pas être fondé sur l'endettement, selon lui.
UN PLAIDOYER SALUÉ
Le président de la BCE a fait cette déclaration alors que le socialiste français François Hollande - arrivé en tête dimanche du premier tour de l'élection présidentielle en France -, s'est engagé à renégocier s'il est élu le pacte de stabilité européen, en y ajoutant un volet de soutien à la croissance. Le candidat a d'ailleurs salué, mercredi, la prise de position de M. Draghi - preuve selon lui que ses "idées cheminent".
De son côté, la chancelière allemande Angela Merkel a elle aussi jugé mercredi que la zone euro avait besoin de croissance pour sortir de la crise, via des initiatives de long terme. "Nous avons besoin de croissance, de croissance sous forme d'initiatives pérennes, pas juste de programmes de conjoncture - qui creuseraient encore la dette publique - mais de croissance comme Mario Draghi l'a dit aujourd'hui, sous forme de réformes structurelles", a déclaré la chancelière lors d'un congrès sur les matières premières.