"Grenelle de l’environnement : lendemains difficiles après grande fête verte" (La gazette des communes)

Publié le par revenonsenfrance

 

Organisé dans l'enthousiasme général en 2007, le Grenelle a offert une place sans précédent à l'écologie en France mais nourrit depuis des déceptions au fil de promesses égarées et des déclarations d'un président pour qui, depuis 2010, l'environnement, "ça commence à bien faire".

 

A peine élu, Nicolas Sarkozy confirme la tenue d’un Grenelle de l’environnement, une promesse faite quelques semaines avant l’élection à Nicolas Hulot, qui a imposé l’écologie dans la campagne avec son « Pacte écologique ».
En octobre 2007, à l’issue de plusieurs mois de travaux de groupes de travail réunissant Etat, collectivités, ONG, syndicats et entreprises, 268 engagements sont annoncés lors d’une cérémonie où est annoncé « un New deal écologique » devant les prix Nobel de la Paix Al Gore et Wangari Maathai.

 

Accueil enthousiaste - Logement, transports, énergies renouvelables, agriculture, santé, consommation, déchets : ce large éventail de mesures est accueilli dans l’enthousiasme quasi-général.
Ils nourriront deux lois, dites Grenelle 1 et 2, votées en 2009 et 2010, qui formeront la ligne « verte » du quinquennat.
« L’exercice du Grenelle de l’environnement a fait du bien à la démocratie », a elle-même reconnu en janvier dernier la candidate EELV Eva Joly.

 

Jean-Louis Borloo, à la tête d’un « super-ministère » s’occupant de développement durable, logement, transports et énergie, a alors les coudées franches pour mettre en musique les promesses du président : interdire les OGM, en 2008, puis instaurer une taxe carbone pour donner un prix au CO2.

 

Mais l’échec de cette taxe carbone, mesure ambitieuse mais controversée censurée par le Conseil constitutionnel en décembre 2009 avant d’être reportée sine die par le gouvernement en mars, brise net l’élan « vert » du président.
D’autant que les préoccupations écologiques reculent après le fiasco du sommet sur le climat de Copenhague et les crises financières successives.

 

Détricotage - L’environnement, « ça commence à bien faire », tranche le président de la République en mars 2010 au Salon de l’agriculture. A l’automne suivant, l’Ecologie rétrograde au gouvernement, passant du deuxième au quatrième rang protocolaire avec le remplacement de Jean-Louis Borloo par Nathalie Koscisuko-Morizet, perdant au passage l’Energie.


Nicolas Hulot s’agace et les ONG commençent à parler de « détricotage », pointant le retour des lobbies pour amoindrir les engagements du Grenelle au fur et à mesure de la rédaction des décrets d’application des lois Grenelle.

Nicolas Sarkozy « s’est aperçu qu’il n’avait pas récupéré de voix, alors il a laissé tomber », a récemment estimé le photographe Yann Arthus-Bertrand tout en considérant qu’il est le président « qui a fait le plus pour l’écologie ».

Le Grenelle de la mer et le Grenelle des ondes, organisés sur le même schéma que le Grenelle, ont aussi contribué à entretenir une certaine désillusion avec des résultats laissant sur leur faim des ONG plus que jamais associées aux débats.

 

Essouflement - En cette fin de quinquennat, le Conseil économique, social et environnemental, avec son ton toujours policé, n’a pu qu’acter à son tour « l’essoufflement » du Grenelle.
« Nette recrudescence » des « pratiques de lobbying », « abandon de l’engagement du Grenelle » dans le secteur du fret ferroviaire ou impact de la crise économique : « Les évolutions récentes font craindre la remise en cause d’engagements emblématiques », estimait-il dans dans un avis rendu en février.

 

Pour Nathalie Kosciusko-Morizet, il ne s’agit nullement d’essoufflement mais des « signes d’un passage du Grenelle à l’âge adulte ». Une analyse que les ONG, étroitement associées au processus depuis 2007, sont loin de partager.

 

 

 

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